Mon supérieur est un pervers narcissique : comment faire ?

Le pervers narcissique est très difficile à cerner, il s’apparente au harceleur moral mais en plus perfide. À première vue, c’est le supérieur idéal mais à bien y regarder, c’est-à-dire si vous écoutez votre ressenti, vous allez vite comprendre que les choses ne sont pas normales. Vous êtes sous le charme, parce qu’il vous complimente, vous valorise… c’est presque trop beau pour être vrai ! Et puis vous commencez à douter de vous, de vos capacités, vous avez peur de mal faire. Et enfin, vous vous sentez oppressé en sa présence, comme s’il occupait tout l’espace. C’est trois comportements montrent que vous êtes sous son emprise.

Nous passons beaucoup de temps sur notre lieu de travail, ce microcosme influe sur notre vie privée, sur notre santé mentale et notre estime de soi. L’emprise du pervers narcissique peut être tellement forte et malsaine que vous pensez démissionner. Mais, quitter son emploi peut être lourd de conséquence, vous avez sans doute un plan de carrière en tête, et puis… vous aimez votre travail ! 

On ne peut pas vraiment savoir si une personne est perverse narcissique, puisque c’est un trouble psychiatrique, mais des signes tendent à le prouver. C’est pourquoi dans cet article, je vais vous expliquer comment reconnaître un pervers narcissique pour ne pas que vous vous remettiez en question. Et ensuite nous verrons comment travailler avec un supérieur pervers narcissique et ne plus souffrir de sa présence.

Comment reconnaître un supérieur pervers narcissique : 10 signes qui ne trompent pas

Voici les comportements d’un supérieur pervers narcissique :

  1. Séducteur

Il sait vous flatter, mettre en avant votre travail, vous valoriser. Les mots qu’il utilise sont choisis avec soin, des superlatifs, des mots positifs et séducteurs qui rabaissent le monde autour de vous, mais toujours avec discrétion : « Tu comprends tellement plus vite que les autres », « j’ai un plan fantastique ! je vais te mettre dans la confidence… ».

Il complimente mais si on écoute précisément, ces compliments sont génériques, par exemple « Ce que tu as fait est exceptionnel », on ne sait pas vraiment ce qui est exceptionnel…

  1. Victime 

Il se pose en victime. Il fantasme sur d’hypothétiques humiliations et en parle avec emportement, mais finira sur le ton de la plaisanterie pour se rendre crédible auprès de ses interlocuteurs. 

  1. Hypocrite

Quand il choisit une cible, après l’avoir séduite, il va lui rendre la vie insupportable… mais rien n’y paraîtra aux yeux des autres, il saura le faire sans que personne ne s’aperçoive de rien. Ainsi, vous passerez pour un(e) menteur(se).

  1. Violent

Les attaques verbales vont se transformer en violence psychologique. Les humiliations sont constantes mais il sait, en public, jouer de finesse pour que cela passe pour de l’incompétence. S’il se retrouve acculé et qu’il pense que la vérité sur ces agissements peut se savoir, il est tout à fait capable de violence physique.

  1. Manipulateur

Il va réussir à vous isoler de vos collègues, par des moyens perfides mais légitimes notamment grâce à son statut de supérieur. Il pourra vous changer de bureau, oublier de vous prévenir de réunions, mal vous transmettre les informations. Les autres penseront que c’est vous le/la fautif(ve).

Il va s’excuser ou en tout cas dire quelque chose qui s’en apparente pour que vous restiez sous son emprise. Il souffle le chaud et le froid, pour que vous soyez déstabilisé(e). Il utilise des injonctions paradoxales, ainsi il lui est facile de dire que vous vous êtes trompé(e). Ses reproches seront flous de sorte que vous ne sachiez pas vraiment ce que vous avez mal fait.

  1. Vénal

Le pervers narcissique aime l’argent. Il aime le pouvoir et ses attributs. Il vise la promotion pour être encore plus à l’aise et puissant. L’argent est un moteur pour lui.

  1. Presque apathique

Il n’éprouve aucune empathie pour les personnes, pour une cause… Le seul qui l’intéresse c’est lui. Cela va même plus loin, il n’est pas dénué d’émotion car il éprouve du plaisir dans la souffrance des autres, c’est le côté pervers de la maladie. Il n’écoute pas les desiderata ou seulement pour les rapporter à lui et à son expérience. Il doit rester le plus plaint de l’assemblée.

  1. Menteur

C’est évidemment par le mensonge qu’il parvient à ses fins. Il ment pour manipuler, il ment pour se faire valoir, il ment pour se défendre… mais il le fait très bien. C’est une seconde nature.

  1. Paranoïaque

Dites-vous que le pervers narcissique est paranoïaque. Il observe donc une grande vigilance aux comportements des autres, il est constamment dans la défiance. Il se peut même qu’il use de stratagèmes pour vous faire surveiller.

  1. Supérieur

Il est convaincu d’être bien supérieur aux autres. D’ailleurs sa position dans l’échelle professionnelle le conforte dans cette vision. Il brigue des postes plus élevés et met tout en œuvre pour y parvenir. Comme il est au-dessus de vous, il pense avoir autorité pour vous rabaisser.

Comment faire pour travailler avec un supérieur pervers narcissique : conseils pour vous protéger

Voici maintenant comment vous protéger d’un manager pervers narcissique :

  1. Valorisez-le

Allez au-delà de ses attentes professionnelles, ne vous plaignez jamais de lui devant vos collaborateurs. Complimentez-le en public sur ses aptitudes professionnelles. Identifiez ce qui compte pour lui et excellez dans son domaine de prédilection, même si pour vous ça n’a pas grand intérêt.

  1. Restez professionnel(lle)

Restez calme, pas d’insulte, ni de signe de colère. Évitez de lui infliger des blessures narcissiques en remettant en cause ses paroles, ne le heurtez pas même si son comportement peut le justifier. N’oubliez pas qu’il est malade. S’il se retrouve dans une situation où son égo surdimensionné est attaqué, son comportement envers vous va changer irrémédiablement. Personne n’aime être remis à sa place, pour le pervers narcissique qui est paranoïaque ce sentiment sera décuplé.

Comme il se sert de vos émotions pour les retourner contre vous, ne lui faites pas ce plaisir et restez professionnel(lle). Ne racontez pas votre vie privée, ne vous excusez pas, ne vous plaignez pas, ne luis parlez pas de vos difficultés professionnelles ou privées, il pourrait s’en servir notamment pour vous blesser ou faire courir de fausses rumeurs à votre encontre.

C’est votre travail, vous savez pourquoi vous êtes là et ce que vous avez à faire. Faites-le tout simplement et restez concentré(e) sur vos priorités professionnelles. Personne ne pourra vous le reprocher à commencer par vous.

  1. Ne restez pas isolé(e)

Si votre supérieur a réussi à vous couper des autres, essayez vraiment de sortir de cela. Tournez vous vers des collègues d’autres services où il n’intervient pas. Sympathisez avec les clients, les fournisseurs. Vous montrerez ainsi que votre vie professionnelle ne tourne pas seulement autour de lui.

  1. Contrez ses humiliations

Rappelez-lui poliment que vous n’êtes pas à votre poste par hasard, que vos capacités sont reconnues, que vous avez mené à bien des missions que vous citez. En un mot, valorisez vos compétences pour le contrer et pour vous rassurer sur votre professionnalisme. Montrez-lui que vous avez confiance en vous.

  1. Restez factuel et fixez les limites

Si vous êtes en confrontation directe avec lui, acceptez la remarque en fixant la limite. Par exemple : “J’ai bien compris ce que vous me reprocher, je vais y remédier. Merci.” Et vous partez. Ainsi vous acceptez la remarque et vous coupez court.

Montrez-lui que vous ne le craignez pas, que ses paroles ne vous atteignent pas :

  • Il vous humilie en public ? Faites remarquer en réunion que ce comportement ne convient pas.
  • Il vous félicite puis vous rabaisse ? Gardez les traces écrites de ses changements d’humeur, mails, entretiens…
  • Il vous demande d’accomplir une tâche puis le nie ? Demander une confirmation écrite de ce qu’il vous demande.
  • Il demande un travail irréalisable ? Envoyez un mail décrivant l’absurdité de la tâche et pourquoi elle ne peut être accomplie.
  1. Utilisez vos droits

Servez vous de vos droits, vous en avez alors si votre patron les bafoue, n’hésitez pas à prévenir qui de droit dans l’entreprise. Vous rendrez peut-être service à d’autres collègues par la même occasion. Celui qui vous chapote est rarement le grand patron, il a lui-même un ou des supérieurs. Il vous est possible d’alerter la haute hiérarchie ou le DRH. Construisez un dossier béton en gardant un maximum de traces écrites, de témoignages, car il faut développer une argumentation solide pour justifier un renvoi pour harcèlement moral.

  1. Prenez soin de vous

C’est un conseil généraliste qui doit s’appliquer même quand tout va bien. Mais ici, c’est encore plus vrai. Faites de l’exercice, prévoyez des moments rien qu’à vous en dehors du travail et des moments en famille, entre amis. Si vous le pouvez, évitez votre supérieur, en décalant vos horaires par exemple. Vous ferez votre travail mais sans le poids de sa présence. Méditez dès que vous le pouvez, en tout cas faites des pauses pour respirer. Félicitez-vous, répétez des phrases positives. Sortez de votre lieu de travail aux pauses, pour le déjeuner par exemple. Et surtout, ne ressassez pas ses faits et gestes en boucle. 

Le supérieur pervers narcissique ne changera pas, il ne sait pas qu’il est malade, par conséquent utilisez les parades que je viens de décrire pour vous préserver. Ne risquez pas la dépression ou le burn-out et faites-vous confiance. Et si le stress est trop intense, je peux vous aider à le gérer. Bon courage et croyez en vous !